LA
GRECE ANTIQUE
Les dieux, ces archétypes éternels de l'inconscient humain
qui donne forme aux pulsions métaphysiques, parlent ou peuvent parler à leurs
créatures: les êtres humains. Hermès, leur messager, s'infiltre partout et crée
des signes. En grec, le mot divination se dit mantikê; les personnes
qui la pratiquent sont les mantis. A l'origine, les exemples de l'Odyssée
présente le mantis, comme un explicateur, un annonceur, un spécialiste des
décryptages, un "décodeur". La mantiké est perçue comme la connaissance de la pensée divine.
Au fil du temps, le mantis prophétisera l'avenir, par ailleurs, il sait ce qui
est.
Le devin est un personnage ambigu qui, malgré son statut inférieur, détient
comme le prêtre un pouvoir exceptionnel, non comme celui-ci parce qu'il a l'oreille des dieux, mais par sa science des choses divines. Le devin, qui
tient son savoir des dieux révèle, explique, met au jour, ce que les hommes ne savent pas.
Le devin complet a pour domaine, l'ensemble du temps et de
l'espace ce qui aboutira à une préséance de la mantiké qui gouvernera à la fois
la religion, la politique, la vie sociale et privée, et même la philosophie.
Elle est considérée comme une science déductive fondée sur la traduction, par la
logique, de signes perceptibles à travers lesquels les dieux communiquent avec
les hommes pour les aider à discerner l’avenir et leur indiquer la voie au sein
d’un monde qu'il ne comprennent pas. La mantiké est transmissible par
l’initiation au sein de familles de devins, ou par un enseignement prodigué dans
les manteion, des écoles qui forment aux diverses méthodes pour lire l’avenir.
Et ces méthodes foisonnent : les mantis grecs « lisent » aussi bien les signes
animaux (les vols d’oiseaux et leurs chants, les itinéraires des poissons ou des
chats) que minéraux (le feu, la fumée, l’eau), les oscillations d’objets (hache
ou boule pendues à un fil) et leurs sonorités ( boules et anneaux que l’on fait
tinter). Ils interprètent les songes considérés comme des messages de Zeus et convoquent les esprits des défunts,
interrogent aussi le sort en lançant des dés ou des osselets et instituent le
tirage au sort, une pratique très profane de nos jours mais qui, pour les Grecs,
traduit la volonté des dieux qui écrivent à chacun un destin.
Plus tard, à partir de la fin du IVème siècle avant
notre ère, la Grèce succombe à
l’astrologie. Celle-ci vient à se substituer aux
anciennes méthodes de mantiké.
Les arts divinatoires à
travers les âges et en différents lieux
Tiré du livre : "Les arts divinatoires" écrit par Djénane Kareh Tager.
